Frederic Bonan : enjeux et bonnes pratiques de la transmission familiale
Pour un dirigeant, la transmission d'une entreprise familiale va bien au-delà de la transaction financière ou opérationnelle, cela est établi. Dans son essence, il s'agit là d'un processus com...
Pour un dirigeant, la transmission d'une entreprise familiale va bien au-delà de la transaction financière ou opérationnelle, cela est établi. Dans son essence, il s'agit là d'un processus complexe, un croisement d'émotions, d'ambitions et de responsabilités. C'est également un voyage au cœur des choix stratégiques, des calculs, mais aussi et surtout, des relations humaines. Les enjeux sont donc multiples… Entre la quête du repreneur idéal et la gestion des dispositifs juridiques et fiscaux, comment un dirigeant peut-il préserver l'âme de son entreprise tout en assurant sa pérennité ? Et comment marier intérêts familiaux et impératifs opérationnels ? Autant de questions essentielles à l'aube d'une telle décision ! Zoom sur les aspects clés et les enjeux d'une transmission réussie avec Frédéric Bonan.
Si l'on veut se prêter à un jeu de comparaisons, disons que la pérennité d'une entreprise familiale est une danse délicate entre tradition et innovation, entre attachements personnels et impératifs professionnels. En effet, il s'agit là d'une affaire d'héritage, de vision d'avenir, mais surtout de compétences. En cela que la transmission d'une telle entité n'est pas qu'une simple procédure, c'est une histoire, un leg, une continuité, un savoir-faire. Quelles sont donc les étapes incontournables pour orchestrer ce passage de flambeau avec finesse et efficacité ? Frédéric Bonan éclaire notre lanterne sur le sujet :
Vous l'aurez compris, transmettre une entreprise familiale, c'est offrir une seconde vie à un projet, un rêve, une ambition. C'est aussi assurer sa continuité, tout en y apportant une nouvelle énergie, car une telle démarche, bien qu'exigeante, est une promesse d'avenir et de renouveau pour l'entreprise. Mais on ne le dira jamais assez : un héritage n'est pas synonyme de compétence ! En effet, tout l'enjeu est de trouver le "bon" successeur, une personne compétente, capable de gérer l'entreprise familiale et de la développer. D'où l'importance d'anticiper la transmission et les éventuels sujets de discordes en communiquant sa décision de son vivant.
Savoir-faire, mérite, relationnels, fiscaux, juridiques, internes… les enjeux de la transmission d'une entreprise familiale sont, sans surprise, multiples. Pour en saisir toute l'ampleur, il suffit d'imaginer un membre de votre famille, peut-être celui que vous avez toujours vu dans un rôle technique, formé au poste ou ayant le plus de compétences et aussi l'envie de prendre ce rôle. Peut-être même qu'un proche, après une longue et fructueuse carrière dans une multinationale, nourrit l'ambition de rejoindre le monde des PME. La dimension relationnelle de la transmission est palpable…
Il n'y a pas de doute : confier les rênes de votre entreprise à un membre de la famille, que ce soit un enfant, un gendre ou une belle-fille, a le doux parfum de la continuité. Si vous êtes en quête de continuité, il faut parfois chercher du côté des dirigeants actuels, via un actionnariat structuré. Dès lors, ce sera au conseil familial de décider de la succession, par le biais d'un reporting pour désigner le directeur général et le président.
Ainsi, l'essence même de l'entreprise demeure, et elle prospère dans le giron familial, évitant ainsi des bouleversements qui peuvent devenir drastiques en termes de gouvernance. Mais cette transition, aussi séduisante puisse-t-elle paraître, n'est pas sans défis…
Car il ne faut pas perdre de vue que le fait de passer le relais opérationnel à un unique descendant a de quoi semer la discorde entre les membres de la famille. Pour maintenir l'harmonie familiale, la clé est de veiller à une distribution équitable et anticipée, de son vivant, de sorte que tous les héritiers se sentent considérés et valorisés. Bien entendu, cela est beaucoup plus facile à dire qu'à faire… La recette du succès ? En peu de mots : tact et expertise ! À ce niveau, le conseil d'un professionnel averti et externe au contexte familial, comme Frédéric Bonan, apporte une véritable valeur ajoutée lors de cette phase critique.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que plusieurs outils et dispositifs, au premier rang desquels le pacte Dutreil, la donation-partage ou encore la création d'une holding de reprise, peuvent être mobilisés pour gérer la transmission de manière fluide et équilibrée.
Lorsqu'un membre de la famille s'apprête à reprendre les rênes de l'entreprise, il porte en lui, au-delà de l'héritage et de la vision de ses prédécesseurs, ses propres ambitions et perspectives. Pour autant, cette transition ne peut se faire dans la précipitation, car pérenniser la confiance des salariés et des partenaires passe par une transition fluide et cohérente avec l'ère précédente. Le secret réside dans l'anticipation : une préparation minutieuse et une communication interne stratégique permettront de rallier l'adhésion des équipes tout en infusant le leadership du nouveau dirigeant.
Bonne nouvelle : la France, dans sa volonté d'encourager la pérennité des entreprises familiales, a mis en place un cadre fiscal des plus attractifs. C'est ainsi que la donation d'une entreprise à ses héritiers est non seulement un acte d'amour, mais aussi une décision économiquement astucieuse, notamment avec le dispositif du pacte Dutreil, une aubaine pour les petites entreprises. Ce pacte, sous réserve de certaines conditions, octroie une exonération des droits de mutation pouvant atteindre 75 % de la valeur de l'entreprise transmise. Ajoutez à cela une réduction substantielle des droits de donation pour les donateurs de moins de 70 ans, et un abattement généreux pour chaque enfant, et vous avez là une formule incitative pour une transition tout en douceur. Sans oublier l'avantage non négligeable de différer et de fractionner le paiement des droits, offrant ainsi une souplesse financière bien utile lors de ce passage de flambeau. Mais si ces actions facilitent la transmission familiale, il ne faut pas pour autant omettre les risques et la responsabilité de chacun.
Frédéric Bonan nous le rappelle, la transmission d'une entreprise au sein d'une famille est un acte délicat qui, bien que courant, demeure complexe. Ce n'est pas seulement une question de passation, de compétences ou de cession d'actifs ; c'est un partage de valeurs, d'histoire et d'héritage, mais qui ne n'est pas sans danger… Chaque famille, dans son unicité, élabore un ensemble de pratiques et de rites de passage pour préserver et transmettre ces valeurs fondamentales à la nouvelle génération. Lesquels ?
Eh bien le premier, et de loin le plus courant, est d'impliquer activement les jeunes générations dans la vie de l'entreprise, dès leur jeunesse, notamment en assistant aux assemblées générales par exemple, une excellente plateforme pour cette initiation. Plus qu'un rituel de passation de connaissances, c'est surtout un moyen d'ancrer ces jeunes dans la réalité et la vision de l'entreprise. Pour leur part, d'autres entreprises font le choix de l'immersion en entreprise.
Mais au-delà de la connaissance, la gouvernance de l'entreprise elle-même peut être envisagée de manière innovante pour faciliter cette transmission. En effet, certaines familles ont adopté des systèmes de gouvernance tournante où différents membres assument à tour de rôle des fonctions de direction. L'objectif coule de source : répartir équitablement les responsabilités et favoriser l'écoute mutuelle, ainsi que le respect entre les générations.
Le point d'orgue du processus de transmission ? L'écoute ! Certes, il est tout à fait naturel pour la nouvelle génération d'apporter son lot de compétences et d'idées, mais il ne faut pas oublier d'écouter, de respecter l'expérience des générations précédentes et d'être rassurant. L'anticipation et la confiance sont fondamentales, en cela que chaque membre de la famille doit pouvoir opérer dans son périmètre tout en respectant les sphères d'influence des autres. Pour Frédéric Bonan, la règle d'or à ce niveau est celle-ci : réfléchir et écouter, décider, agir !
Enfin, pour qu'une transition réussisse, mais aussi perdure, elle doit être ancrée dans ce que l'on pourrait appeler un « contrat moral familial », soit un ensemble tacite d'ententes, de respect mutuel, d'engagement et de savoir-faire envers les valeurs communes qui, lorsqu'il est honoré, assure la solidité et la durabilité du modèle entrepreneurial familial.
Frédéric Bonan fait bien de le rappeler : la transmission familiale n'est pas exempte de risques ! Il s'agit en effet d'une opération particulièrement délicate, et nombreux sont les cas où une entreprise familiale a été transmise à une personne, non sur la base de son mérite et de ses compétences, mais sur celle de l'affect. Sans surprise, cela a généralement des conséquences désastreuses pour l'entreprise, allant jusqu'à la faillite et donc à la perte du patrimoine familial, et les exemples ne manquent pas à ce niveau.
Il y a aussi l'épineuse question des conflits familiaux, car le choix du repreneur débouche le plus souvent sur des situations conflictuelles, à la fois entre héritiers concurrents et entre parents et enfants. Rappelons à cet égard que la clé pour éviter de tels conflits est de "terrasser" le terrain de son vivant.